La voiture de tourisme avec chauffeur, dont le marché était en forte croissance notamment à Paris, sont malmenées par le boom du télétravail. Malgré les réticences à reprendre les transports en commun, le secteur des voitures avec chauffeur travaille encore très en deçà de son activité « pré-Covid ».
Tous les chauffeurs ne sont pas remontés dans leur berline. Les grandes plateformes sont loin d’en avoir fini avec les pertes.
Dans cet article, nous vous ferons un état des lieux afin de mieux comprendre.
Qu’est-ce qu’un VTC (voiture de tourisme)?
La VTC est un véhicule de neuf places au plus, assurant également le transport de personnes et leurs bagages à titre onéreux.
Le chauffeur d’une VTC doit obligatoirement détenir une carte professionnelle. La carte atteste de ses compétences pour exercer son activité.
Le véhicule est assez luxueux puisque qu’il doit :
- Avoir moins de 6 ans.
- Aussi offrir un confort et des aménagements intérieurs de standing.
- Et avoir un moteur d’au moins 120 chevaux.
Pour ne pas être confondu avec un taxi. Il ne doit pas disposer d’un compteur horokilométrique et de dispositif lumineux extérieur.
La VTC (voiture de tourisme) ne peut prendre en charge un client que si son conducteur peut justifier d’une réservation préalable du client.
Elle ne peut ni stationner, ni circuler sur la voie publique en quête de clients. Par exception, une VTC (voiture de tourisme) peut stationner aux abords d’une gare ou d’un aéroport (ou à l’intérieur de leur enceinte). Ceci est le cas dans l’attente du client ayant réservé, mais seulement pour une durée d’1 heure maximum avant la prise en charge effective.
Une reprise difficile malgré la fin du confinement
Généralisation du télétravail, fort reliquat de chômage partiel, annulations en cascade de grands événements dans toutes les métropoles françaises, trajets villes-aéroports volatilisés. Un mois après la fin officielle du confinement, les VTC connaissent toujours des temps particulièrement difficiles.
Hervé Fauvin, directeur général de LeCab explique que : « Cette semaine, nous sommes à 35 ou 40 % de l’activité comparé à la même période de l’an dernier. On observe certes un mouvement de reprise depuis le 11 mai. Mais il ne faut pas confondre la fin du confinement et la reprise de l’activité. D’ailleurs, le nombre de chauffeurs connectés à notre plateforme reste faible. Seulement un sur trois fonctionne actuellement, et les autres ne sont pas revenus au travail. »
Comme ses concurrents, LeCab n’emploie pas directement ses 10.000 chauffeurs avec leur voiture. Qui, en tant qu’indépendants, sont libres de travailler pour d’autres plateformes – dont Uber ou Kapten-Free Now .
A ce titre, ces autoentrepreneurs ou PME dont le chiffre d’affaires a fondu ont pu bénéficier du fonds de solidarité gouvernemental (jusqu’à 1.500 euros distribués par salarié pendant deux mois consécutifs, avec une prolongation en cours de discussion). Ce qui peut expliquer en partie cette frilosité des chauffeurs à revenir travailler.
Morosité jusqu’à la fin de l’année
LeCab, revendu l’an dernier par Keolis à SnapCar, a sondé récemment ses 7.000 grands clients, des sociétés de toute taille allant de Total ou la SNCF à des cabinets d’avocat.
« Si l’on extrapole les courbes, il n’est pas prévu que l’on retrouve plus de 80 % de notre activité précédente vers novembre. Alors que notre marché était en nette croissance avant la crise », poursuit le dirigeant, qui réalise 50 % de son activité à Paris, et le reste dans les grandes villes comme Lyon, Toulouse, Nice ou Lille.
Si certaines entreprises prennent exceptionnellement à leur charge les frais de VTC de leurs salariés pour éviter le recours aux transports en commun, beaucoup d’autres freins jouent en défaveur du transport en voiture avec chauffeur. Ce faisceau de causes va de la disparition massive des clients étrangers à la peur de se déplacer dans un véhicule « semi-public », jusqu’au poids du télétravail.
Nombreux motifs de trajets évaporés (voiture de tourisme)
Idem chez le concurrent AlloCab, qui revendique 20.000 chauffeurs affiliés dont les deux tiers en Ile-de-France, et réalise d’ordinaire 60 % de son activité avec les entreprises, contre 40 % avec les particuliers. En raison du maintien du télétravail à grande échelle dans les métropoles, les comptes « entreprises » sont encore actuellement en baisse de 60 à 70 % par rapport à la normale, selon le PDG de la plate-forme de réservation, Yanis Kiansky.
« Une petite croissance s’installe semaine après semaine, mais très légère. Comme les taxis, les VTC sont suspendus à la reprise de la vie normale des entreprises », estime le dirigeant. De fait, les rendez-vous des professionnels chez les clients se sont évaporés, tout comme les courses pour aller au restaurant, ou encore l’univers de l’événementiel au sens large (salons, congrès, présentations, etc.).
Certes, « nos clients se sentent plus vulnérables dans les transports en commun, comme en atteste la baisse de 70 % de leur fréquentation ». Mais ils se reportent plus massivement sur les deux-roues que sur les voitures avec chauffeur, selon le patron d’AlloCab. Une bonne nouvelle toutefois pour les rares clients. La rareté des courses ne se traduit pas par une majoration des tarifs. « Au contraire. Les prix ont baissé sur un an car les conditions de circulation sont meilleures et les temps de parcours plus rapides », dit-il.
Décidément le Coronavirus a causé de grands dommages même pour les VTC. Reste à voir combien de temps cette situation va durer avant de les revoir en pleine activité ?